Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Dans la gueule du loup...
1 juin 2008

Nouvelle - "Nocturne"

Voici donc la première nouvelle que je poste ici. Un petit texte qui me tient à cœur, même si sur les forums sur lesquels je l'ai posté, j'ai eu un mal fou à avoir des commentaires. C'est bien le souci avec les textes par rapport aux dessins...il faut des lustres pour avoir des commentaires et souvent, ça pinaille sur des détails.
Ou alors ça ne dit rien du tout, trop long, trop chiant...les dessineux ont plus de chance de ce côté là. Même si cela reste bancale, ils auront toujours des réponses. Que ce soit en bien ou en mal d'ailleurs. Comment voulez-vous savoir dans ce cas si ce que vous écrivez c'est de la merde finie ou quelque chose de potable ? après faut pas s'étonner que les blogs explosent, faut bien aller chercher les gens par la main pour qu'ils osent venir nous voir ;)

Bon allez, sur ces remarques acerbes, je vous souhaite une bonne lecture ^^ (Attention tout de même, c'est un peu long, installez-vous confortablement)

Assassin__s_Chibi_by_RDCarneiro
dessin de RdCarneiro : http://rdcarniero.deviantart.com/

Nocturne

Première partie

"Il faisait nuit depuis un petit moment quand la silhouette du château se dessina dans la lueur de la lune.
Les deux chevaux s'avancèrent en silence puis s'arrêtèrent à la hauteur du pont-levis.
        _Qui va là ?!
Une torche illumina un instant les remparts et la tête suspicieuse d'un garde à l'allure mal embouchée. L'un des cavaliers leva le nez et secoua la main.
        _Deux invités du comte ! Il est au courant !
        _Ah oui, c'est bon ! Passez !
Les chaînes glissèrent en grinçant et firent tomber la planche de bois qui offrit une entrée directe sur la cour intérieure. Les deux cavaliers remirent leurs équidés au pas et passèrent l'arche de pierre au bruit des sabots. Le soldat siffla entre ses dents et cracha d'un geste agacé. Cela ne l'amusait pas d'être de surveillance ce soir, le comte recevait rarement : il préférait se faire inviter. C'était nettement moins coûteux et bien plus agréable pour sa panse.
        _Nous y sommes.

Les cavaliers descendirent de leurs montures et les laissèrent aux soins des écuyers qui se pressèrent à leur rencontre. L’un des inconnus repoussa alors la capuche qui lui couvrait le visage et souffla de soulagement. D’un certain âge, l’homme était costaud et résistant, à la barbe finement dessinée. Les jeunes écuyers se lancèrent des regards circonspects puis jetèrent un coup d’œil en direction du deuxième invité qui récupérait calmement un sac de tissu qu’il passa par-dessus son épaule. Impossible de voir à quoi il pouvait ressembler. Rien n’était visible en dehors de son menton.
        _Messieurs.
Deux gardes se mirent au-garde à vous devant l’homme à l’âge avancé. Ce dernier se lissa le bouc, amusé.
         _Monsieur le compte vous attends. Veuillez nous suivre s’il vous plait.

L’étranger rejoignit son compagnon en silence. Ils quittèrent la cour et entrèrent enfin dans le premier vestibule du château. Ils y laissèrent quelques affaires avant de traverser la pièce suivante où découlait un magnifique escalier tapissé de rouge. L’inconnu au visage caché sembla détailler les grosses pierres des murs, les bougies et les teintures d’un œil intéressé.
 _Ah vous voilà ! Soyez les bienvenus dans mon humble demeure !
Un homme descendit les marches, les bras ouverts. Son visiteur barbu s’inclina bien bas, une main sur le ventre.
        _Nous sommes honorés de votre invitation, monsieur le comte.
 _Allons allons, relevez-vous, sourit l’intéressé en s’arrêtant à sa hauteur, pas de ça entre nous !
Le barbu se redressa alors, droit et fier. Le comte lui tapota l’épaule comme il aurait pu le faire pour un ami de toujours, puis croisa enfin la présence de l’étranger encapuchonné.
 _Est-ce là votre fameux compagnon ?
 _En effet sire. Pardonnez-lui de ne pas vous adresser la parole, cela fait parti de notre protocole, voyez-vous…
 _Tout à fait, tout à fait…souffla l’homme fortune en tentant en vain de distinguer quelque chose sous cette capuche, puis il reprit plus haut, soudain revigoré, bien nous n’allons pas restés ainsi indéfiniment ! Je vous invite à ma table ! Vous devez mourir de faim après un tel voyage. Ne me dites pas non, vous m’offenseriez !…que l’on apporte leurs bagages dans l’allée des invités, et que ça saute !

L’encapuchonné s’écarta d’un pas quand deux serviteurs traversèrent le hall avec leurs affaires. L’un d’entre eux s’inclina afin de lui demander le sac qu’il tenait à l’épaule, et il fut obligé de céder après un coup d’œil de son compagnon.
On crut l’entendre soupirer de dépit. Un soupir qui fit trembler le pauvre serviteur qui préféra rapidement s’éloigner en prenant ses jambes à son cou, loin de cet inconnu décidément presque effrayant de silence.
 _Venez goûter à notre célèbre terrine ! Vous m’en direz des nouvelles !

Une fois attablé, le comte espéra voir le visage du deuxième voyageur, en vain. Légèrement agacé, il le déshabilla du regard en le voyant découper sa viande comme si ne rien était. Ses mains, protégées par des mitaines de cuir, ne pouvaient pas préciser le sexe de ce phénomène, ni la cape qui lui recouvrait les épaules.
 _A-t-il au moins un nom ? demanda le seigneur, avide de renseignements, est-ce au moins un être humain ?
Le barbu manqua de s’esclaffer dans sa bière chaude, un large sourire aux lèvres.
 _Bien sûr sire ! Nocturne est tout ce qui a de plus humain ! Il désire seulement garder son identité afin de faire au mieux le travail que vous allez lui demander de faire. Comprenez, c’est comme une soupape de sécurité.
 _Hum hum…voilà bien la première fois que je vois une telle chose, mais si vous dites que cela fait parti de son travail….nous en parlerons après le dîner, n’est-ce pas ? n’allons pas gâcher toute cette bonne nourriture pour si peu !
Le barbu acquiesça vivement, l’œil gourmand. Nocturne se contenta lui, de manger sans bruit.

Après ce long dîner presque interminable, le comte eut du mal à se lever de sa chaise. Les joues rouges à cause des litres de vin avalés, il demanda que l’on lui apporte sa meilleure bouteille de cognac dans son petit salon privé. Un serviteur s’exécuta rapidement, tandis que son maître s’affalait dans un gros fauteuil moelleux, presque vulgaire dans sa manière de se tenir.
 _C’est bon, c’est bon va-t-en !…allez dégage de ma vue !
Nocturne souffla de nouveau et bougea légèrement la tête quand le pauvre homme passa non loin de lui pour quitter la pièce. Surpris, ce dernier ne pensa même pas répondre à ce signe d’encouragement.
 _Bien ! Nous pouvons enfin passer aux choses sérieuses ! Un verre ?
 _Merci sire, mais votre succulent repas occupe déjà tout mon estomac.
 _Humf, comme vous voulez.
Le comte se servit bien plus que la dose normalement souhaitée et fit tourner le liquide dans son verre, le regard vitreux. Les deux visiteurs attendirent calmement qu’il fasse son introspection intérieure avant de boire plus de la moitié.

 _C’est simple. Je veux que vous me débarrassiez d’une épine. Une grosse épine en vérité.
Il leur désigna un petit parchemin enroulé d’un geste du doigt. Nocturne s’en saisit d’un geste franc. Un geste qui surprit l’hôte des lieux.
 _Alors il pense par lui-même ? se moqua-t-il, son nectar aux lèvres.
Nocturne préféra ne pas relever l’affront et fronça les sourcils, bien que personne ne puisse le voir. Il tendit alors le parchemin à son acolyte qui fit la même tête en découvrant l’identité de leur future victime.
 _Le duc de Sholer ? votre ami ?
 _Ami ami…souffla le comte, porté par l’alcool, les amitiés se font et se défont au grès des affaires, vous savez ? et puis, il se fait vieux. Et lent.
Nocturne eut un autre soupir en le regardant avaler le fond de son verre avec délectation.
        _Il reçoit demain soir. Je suis invité. Moi comme une dizaine d’autres abrutis. C’est là que je veux que vous interveniez. En toute discrétion bien sûr. Rien ne doit laisser persister le doute quant à notre marché, vous me suivez ?
Le barbu acquiesça, maintenant plus renfermé.

 _Je veux que cela ait l’air d’un accident. Aucune effusion de sang. Il serait malheureux que ses petites filles le voient nager dans son hémoglobine. Surtout en cette soirée d’anniversaire.
 _Cette soirée d’anniversaire ?
 _Humf oui ! grimaça le comte en avalant presque de travers, sa cadette fête ses 21 ans. Sa majorité, vous vous en rendez compte ? Le temps passe décidément trop vite.
Il souffla dans son cognac avant de se resservir un troisième verre.
        _Comme prévu, je vous paye la moitié aujourd’hui, la moitié une fois sa mort déclarée. Vous aurez même droit à un supplément si je ne suis pas soupçonné.
 _Monseigneur est trop généreux.       
         
_Je sais. Cela me perdra un jour…
Nocturne avança d’un pas sec, mais son compagnon se plaça discrètement devant lui pour l’empêcher d’aller plus loin.
 _Nous allons prendre congé sire, nous avons besoin de repos si nous devons être prêt pour demain.
 _Bien sûr, bien sûr, faites faites. Nous nous reverrons bien assez tôt demain matin.

Les deux invités s’inclinèrent puis quittèrent la salle au signe de tête du comte. Une jeune servante à peine sortie de l’adolescence leur fit une révérence bien basse et les invita à la suivre dans les méandres des étages. Le château était très souvent au trois quart vide, le comte n’ayant quasiment aucune famille, et certains coins n’étaient pas aussi bien entretenus que le salon privé du propriétaire. Nocturne fit sursauter la jeune hôtesse en éternuant sous sa cape.
 _Ce n’est rien demoiselle, sourit l’ami barbu, il a pris froid sur le chemin.
 _Oh, rougit l’intéressée, peut-être monsieur désirerait-il un bon grog pour se soulager la gorge.
 _Ce serait avec joie, merci pour lui.
La jeune fille acquiesça puis les guida enfin vers leur chambre. Une grande chambre de deux lits à baldaquin clairement séparé par un tapis fait d’une peau de tigre à dent de sabre.
 _Cela vous convient-il ?
 _Oui, c’est parfait. Nous n’en espérions pas tant.
 _J’en suis ravie. Je m’en vais m’occuper de votre grog monsieur. Prenez le temps de vous installer.
 _Merci beaucoup mademoiselle. Vous êtes charmante.
L’hôtesse se remit à rougir avant de fermer derrière elle, à la fois touchée et gênée de la déclaration de l’homme à l’âge appuyé. Ce dernier garda le sourire puis fit tourner son épaule en grimaçant, une fois sa cape retirée.
 _Une longue route nous attend demain encore pour rejoindre le domaine du duc. J’espère que les chevaux seront prêts.

Nocturne se racla la gorge puis attrapa les bords de sa capuche pour enfin dévoiler son visage. Mais on frappa aussitôt à la porte et il fut obligé de se couvrir de nouveau.
 « Votre grog monsieur »
 _Oh qu’elle est rapide, cette petite.
L’homme barbu vint lui ouvrir et la remercia avec un air entendu. Nocturne soupira longuement et se glissa discrètement entre les deux personnages pour prendre le grog des mains délicates de la jeune fille. Cette dernière, surprise par le faible contact de ses doigts, faillit en perdre la tasse avant de se reprendre violemment, les joues rouges.
 _…merci.
Elle leva les yeux et devint encore plus rouge lorsqu’elle perçut le ton grave de sa voix.
 _Appelez-moi si vous avez d’autre chose messires.
 _Nous ne voudrions vous déranger pendant votre sommeil, jeune demoiselle. N’ayez crainte, nous devrions pouvoir nous débrouiller pour la nuit.
        _Dans ce cas, je vous la souhaite agréable messires. Que Séléna veille sur vous.
     _Qu’elle veuille sur vous aussi.
La lourde porte de bois se referma sur la silhouette délicate, et les deux visiteurs se retrouvèrent enfin seuls, à l’abri des oreilles indiscrètes.
 _Quelle charmante personne, tu ne trouves pas ? si pure et innocente…
 _Et si jeune.
Le barbu se retourna et regarda son jeune compagnon repousser enfin la cape qui cachait si étrangement son visage. Un sourire se dessina sur ses lèvres comme à chaque fois qu’il redécouvrait ses traits.
 _Tu sembles déjà lui plaire, lui lança-t-il sur un ton de plaisanterie, toi et ta voix enrouée.
 _J’ai la voix enrouée à cause de cette pluie que l’on a pris sur le chemin, et non pas pour autre chose. Arrête de te faire des parchemins avec ton imagination tordue, tu veux ?
Nocturne attrapa son sac et le posa sur l’un des lits en signe d’appartenance avant de se défaire enfin de sa cape entière. Son costume près du corps dévoila des formes bien trop arrondies pour être celles d’un homme, des épaules musclées par des années d’entraînement, mais un visage aux traits fins avec des yeux d’un bleu particulièrement hypnotique.

 _Tu es une idée de comment procéder pour demain ?
 _Peut-être…tu as une préférence ?
Nocturne se passa une main dans les cheveux qu’elle avait d’un noir aussi profond que la nuit et qui aimaient lui caresser la nuque.
 _Le poison. Si cet imbécile veut ne pas être soupçonné, je ne vois rien de mieux mais…Thanos ?
 _Hum ?
Son ami était en train de se battre avec ses bottes de fourrure quand il leva le nez à la prononciation de son nom.
        _Crois-tu que tuer le duc de Sholer soit une bonne idée ? c’est un homme bon, qui a aidé beaucoup de monde après la guerre. Pourquoi ce comte d’opérette désire-t-il sa mort ?
Thanos fronça les sourcils puis soupira en s’étirant les doigts de pied.
 _Tu sais que tu n’es censée te poser aucune question une fois ton contrat en poche. C’est la première règle de notre guilde, tu te souviens ?
 _Bien sûr, mais cela ne m’empêchera pas de le faire. Crois-tu qu’il n’y ait pas d’injustice ? c’est ce gros lard en bas que l’on devrait empoisonner, pas un homme qui a valeureusement gagner des batailles et imposer la paix dans nos contrées !
Thanos eut un petit sourire en se redressant. Il lui tapota l’épaule et l’invita à boire son grog le temps qu’il soit encore chaud.
 _Cela me désole autant que toi, mais rien ne dit que nous ferons pas attention demain soir. Je n’ai pas non plus confiance en cet homme, alors nous prendrons toutes les précautions nécessaires s’il le faut. Tu n’as rien à craindre..."

A suivre...

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Dans la gueule du loup...
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité