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Dans la gueule du loup...
8 juin 2008

Lune Bleue - 2 -

La suite donc du message précédent, toujours concernant mon roman en cours d'écriture.

Bonne lecture ^^ (attention, c'est un morceau un peu plus long. Je cherche de bons endroits pour couper le récit, mais c'est parfois plusieurs pages après...donc prenez votre temps)

"Nous avons repris nos manteaux pour sortir sous les températures hivernales persistantes bien après Noël et nous avons roulé jusqu’à la morgue. Flack n’aimait pas se rendre dans l’antre d’Alain mais c’était un passage obligé si nous voulions nous immerger dans la tête du tueur…
_Ah vous voilà !
Ce dernier a retiré ses gants de latex et a baissé son masque en nous voyant arriver, quittant alors le corps qu’il était en train d’inspecter pour une autre affaire.
_Vous avez l’identité de notre jeune amie à ce qui paraît ?
_Anna Malova.
_Oui, 22 ans, une jeune fille en pleine santé si on retire toutes ces…tortures infligées par diverses armes blanches.
Il a retiré le drap qui couvrait le visage d’Anna et nous nous sommes arrêtés de l’autre côté pour l’observer sans rien dire. Elle semblait bien jeune avec ce teint blanc à faire peur.

_Elle a souffert de déshydratation de longues heures avant que son cœur ne lâche.
_Son cœur ? à son âge ?
Alain a doucement repoussé le draps pour lui saisir délicatement le poignet sans dénuder sa poitrine et nous montrer ses doigts bleuis à leur extrémité.
_Elle a subi d’importantes décharges électriques. Ça après l’étirement de ses bras, brûlures diverses et variées à des endroits que je ne citerais pas, scarifications, plaies ouvertes…
_C’est bon, c’est bon, on a compris !
Flack a préféré faire quelque pas pour se dégourdir les jambes, écœuré. Alain m’a intensément fixé et j’ai compris qu’il voulait me montrer quelque chose. Il écarta alors sa main du poignet d’Anna et j’ai vu apparaître un tatouage. Quelque chose que peu de gens pouvaient réellement voir.
« Un F inversé…alors j’avais raison… »
Il a reposé son bras et l’a doucement recouverte avant de me tendre le rapport préliminaire d’un geste franc.
_Autant vous éviter la lecture. Cette jeune femme a souffert pendant au moins trois jours puis a été attaché à ce plafond de chantier alors que son corps était encore chaud. Les marques de corde sur sa peau sont assez explicites.
_Il va falloir prévenir les parents…soupira mon collègue en se pinçant la lèvre inférieure, c’est vraiment une partie de ce boulot que je déteste.
_Tu veux que je le fasse ?
_Non non, tu m’as couvert les deux dernières fois, c’est bon. Laisse-moi juste…quelques minutes.
Il a quitté la morgue d’un pas rapide, son téléphone en main. Alain a levé le nez vers moi et j’ai soupiré en repoussant mes cheveux d’une main lasse.

_Une cousine…
_Tu t’en doutais n’est-ce pas ?
Je me suis saisi du sac de plastique qui contenait la croix de bois retrouvée autour de son cou.
_Cela ne peut être qu’un Inquisiteur…c’est ce que j’ai pensé en arrivant sur le chantier…bien sûr, je dois garder l’esprit assez ouvert pour d’autres possibilités mais…
_….mais tu penses qu’une chasse est ouverte ?
_Une chasse peut-être pas…pas si je l’arrête avant.
J’ai fait volte-face, prête à sortir.
_Diane.
Alain m’a regardé avec gravité en enfilant de nouveaux gants de latex.
_Fais attention à toi. Tu n’es pas en sécurité avec ce genre de malade dehors.
_Je sais. C’est bien pour ça que je compte le stopper rapidement. Ne t’inquiète pas. Je sais me défendre.
Il a eu un sourire nerveux lorsque j’ai poussé les doubles portes après lui avoir lancé un clin d’œil pour le rassurer. Flack était dans le couloir, assis dans l’un des sièges normalement installés pour la famille des défunts. Il secouait son portable en rythme avec ses genoux, le regard vide.
_J’ai eu la mère, me dit-il sans me regarder, elle a refusé de me croire et m’a raccroché an nez en me traitant de suppôt de satan. Tu le crois ça ?
_…elle a refusé de te croire…c’est normal. Tu as son adresse ?
Il m’a tendu une page arrachée de son calepin, encore sous le choc. Je l’ai déplié pour découvrir que Marie Malova habitait bien loin de sa fille, dans la campagne oubliée à l’autre bout du pays.
_Allons voir la colocataire d’Anna. Elle pourra peut-être nous renseigner sur son emploi du temps des derniers jours.
_Ouais…on n’a plus que ça à faire.
J’ai patiemment attendu qu’il reprenne ses esprits et nous avons quitté le bâtiment, l’esprit encore plus morne qu’au réveil. Parfois, le genre humain me faisait vomir…

_35. C’est là.
J’ai frappé deux coups quand du bruit s’est fait entendre de l’autre côté. Une jeune femme est venue nous ouvrir en tenue plutôt légère étant donné le temps extérieur.
_Oui ?
_Mademoiselle Benoît ? Police. Lieutenant Montel et sergent Flack. Vous êtes bien la colocataire d’Anna Mavola ?
_…oui…
Nous n’avons pas eu besoin de lui donner la raison de notre venue pour qu’elle s’effondre en larme. Nous sommes entrés pour éviter d’ameuter tout le couloir et l’avons accompagné dans ce qui devait être le salon de ce studio à peine assez grand pour deux personnes. Elle s’est assise dans le canapé et a pleuré encore de longues minutes en sacrifiant quelques mouchoirs. Nous avons attendu, compréhensifs. Flack s’est assis en face d’elle sur un coin de la table basse sur laquelle gisait encore deux verres et j’ai commencé à faire le tour discret du propriétaire. Deux filles vivant ensembles étaient rarement plus rangées que deux hommes. J’ai évité de marcher sur des vêtements éparpillés et j’ai été jeter un œil sur la bibliothèque qui était remplie à ras bord d’ouvrage en tout genre.

« Qu’est-ce que … ? »
Je me suis arrêtée, intriguée.
« Les sorcières de Salem, mensonges et trahisons…l’image de Dieu à travers les âges…légende et folklore, quelle réalité ?… »
_C’est à vous tous ces livres ?
Annabelle Benoît a reniflé bruyamment avant de secouer la tête en voyant quels ouvrages je pouvais bien désigner.
_Non ils sont tous à…ils étaient tous à Anna… à cause de ses études…
_Ses études ?
_Oui, acquiesça-t-elle en reniflant de nouveau, elle était théologienne. Enfin, elle voulait le devenir…
J’ai du faire une tête explicite car Flack m’a interrogé d’un regard surpris. J’ai repris mes esprits en me raclant la gorge et j’ai continué de regarder ici ou là, l’esprit perturbé.
  « Théologienne…c’est bien la première fois que j’entends une chose pareille…hum ? »
J’ai poussé une porte de la manche et j’ai deviné une chambre minuscule de l’autre côté.
_C’est la vôtre ou… ?
_Non…Anna…
_Vous permettez ?
Elle a acquiescé sans rien dire et je suis entrée en faisant attention où je mettais les pieds. J’ai ouvert le volet pour faire un peu de lumière et j’ai découvert une pièce parfaitement rangée. Un lit au carré, des vêtements bien pliés sur la chaise voisine, très peu de décoration…j’aurai pu entrer dans une chambre de nonne sans savoir faire la différence. C’était presque effrayant.

Une seule photo était posée sur la table de chevet. Elle a aussitôt attiré mon attention. Je m’en suis saisie et j’ai découvert la victime à côté d’une femme plus âgée avec qui elle partageait une certaine ressemblance. Sa mère sans doute.
« Je commence à comprendre »
Cette dernière était habillée en collet monté, l’air aussi sévère qu’une mère supérieure, une croix en or autour du cou assez visible pour éblouir n’importe qui.
_Vous avez déjà rencontré sa mère ?
Je suis revenue dans le salon avec la photo, coupant alors la conversation que la colocataire partageait avec Flack.
_Une fois, en début d’année…ça n’a pas du tout collé. Elle m’a traité comme si j’étais…
_Une mauvaise fille ?
_Pire que ça ! Son regard était super explicite ! J’étais pourtant bien habillée mais elle n’a pas arrêté de parler à Anna comme si je n’étais qu’une moins que rien, et qu’elle ne devrait pas traîner avec moi !
_Et Anna, comment a-t-elle réagi ?
Elle a reniflé en regardant son mouchoir.
_Elle a fait semblant de lui obéir puis est redevenue comme avant dès son départ. Elle m’a expliqué qu’elle avait reçu une éducation très stricte et que sa mère vivait quasiment dans un monde renfermé sur lui-même. Genre la vieille femme à chat ou un truc comme ça.
_Et avec sa fille, comment était-elle ?
Flack s’est légèrement redressé sur la table basse, consciencieux. Il se demandait sans doute où je voulais en venir mais il écoutait sans rien dire en bon professionnel.
_Sèche, dure…j’arrivais pas à y croire en fait. Mais Anna ne disait rien, totalement blasée. Elle m’a assuré que dans le fond, sa mère était gentille et attentionnée mais…à la voir, on aurait plutôt dit une marâtre prête à tout pour lui faire porter le chapeau de sa petite vie ratée.
_D’accord, je vois…merci.
J’ai été remettre la photo à sa place, plutôt peinée pour la victime. Elle n’avait pas du grandir dans un univers très confortable avec une mère bigote qui se reniait jusqu’au plus profond d’elle même. Une fois étudiante, elle avait cherché à obtenir des réponses…

_Un petit ami ? Anna ? vous rigolez !
J’ai levé le nez du bureau qui devait contenir les affaires de deux filles pendant que Flack continuait l’interrogatoire gentillet de la colocataire.
_Avec sa mère d’un côté et ses études de l’autre…elle n’avait pas la tête à ça. J’ai bien essayé de la faire sortir, rencontrer des gars mais…à croire qu’ils ne l’intéressaient vraiment pas.
_Vous voulez dire qu’elle…avait d’autres préférences ?
_J’ai jamais osé lui demander…vous savez…ça veut plus rien dire maintenant.
Flack m’a regardé quand Annabelle est repartie en pleurs.
_Et sinon le jour de sa disparition ? vous est-elle apparue anxieuse ? inquiète ?
_Non…pas plus que d’habitude…elle voulait étudier à la bibliothèque après les cours…je devais aller voir des amis en dehors du campus alors je suis rentrée assez tard. Elle n’était pas là. J’ai cru qu’elle avait enfin décidé de se décoincer un peu…quand elle n’est pas réapparue le lendemain, j’ai vraiment commencé à m’inquiéter. J’ai pas besoin de vous dire…que ce n’était pas son genre.
Nous sommes restés sans rien dire à cette dernière remarque qui était lourde de sens et nous avons ensuite pris congé pour lui laisser le temps d’annoncer la nouvelle à leur entourage.

_Alors si je comprends bien, nous avons une jeune fille sans problème particulier, qui vit une scolarité tranquille, totalement concentrée sur ses études, mais qui finit pendue à un plafond de chantier et atrocement torturée. C’est moi ou il y a quelque chose qui ne colle pas dans cette histoire ?
Je n’ai eu qu’un soupir en me dirigeant vers la voiture qui nous attendait dans un coin du parking de l’université. Je ne pouvais décemment pas lui dire la vérité. Anna n’avait pas été attrapé par un tueur ordinaire. Cet homme ne vivait pas dans le même univers. Il ne voyait pas les mêmes choses, ne considérait pas les hommes et les femmes de la même manière. Pour lui Anna n’était pas une jeune fille ordinaire…mais un monstre à éliminer de la surface de la terre. Et je n’étais pas différente.

_On a donc aucune piste, déclara Flack pour me faire sortir de mes pensées, aucun petit ami, aucun professeur mécontent…à espérer que les scientifiques ont trouvé quelque chose à se mettre sous la dent, sinon je ne vois pas comment on va réussir à attraper ce malade. Diane ? à quoi penses-tu ?
_Hum ? oh à la mère de la victime. Je me demandais si je n’allais pas faire un saut jusqu’à chez elle. Ou attendre qu’elle vienne récupérer le corps.
_Je pencherai pour la deuxième solution si j’étais toi. Pas certain que le capitaine te laisse partir à l’autre bout du pays avec notre budget « déplacement » qui a encore diminué de moitié cette année.

Je n’ai eu qu’un soupir explicite en regardant d’un air blasé mon reflet dans le rétroviseur. Le sac d’Anna était toujours porté disparu. Si elle a effectivement été enlevé à la sortie de la bibliothèque, elle devait avoir ses cours sur elle.
« Ses recherches…il a du la repérer avec ses recherches… »
A voir les sujets abordés par les livres de sa bibliothèque, Anna voulait comprendre. Protégée par une mère abusive, lâchée dans un monde étroit d’esprit, elle avait essayé de se retrouver dans toutes ces légendes, ces dires, et ces vérités qui lui manquaient atrocement.
_Je vais vérifier quelque chose à la bibliothèque. Rentre sans moi et préviens-moi dès qu’Alain a fini son autopsie !
_Tu…eh, je fais quoi en attendant ?!
_Continue de vérifier les affaires remontant à 5 ans ! lui ais-je déclaré en revenant sur mes pas, peut-être qu’un autre cas va sortir des fichiers !
_Et si c’était son premier meurtre ?!
_Impossible !

Je l’ai salué d’une main en traversant un petit chemin de pierre rouge qui m’a conduit jusqu’au grand bâtiment qui contenait tous les livres de l’université, ou presque. J’ai entendu le moteur de notre voiture de service et Flack m’a klaxonné avant de virer sur la droite et se diriger vers la sortie du campus. Je savais qu’il se posait des questions…et c’était normal. Mais sur cette affaire, j’allais devoir travailler seule si je ne voulais pas me brûler les ailes"

Coummunion___ACEO_by_Goldenwolf

Dessin de Goldenwolf : http://goldenwolf.deviantart.com

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Commentaires
A
Ah intéressant ce problème des coupures. Je le remarque parfois quand je me relis et change les phrases "d'intro" des paragraphes mais j'imagine que ça fait parti de mon écriture. Je ne les vois donc pas toutes. Merci de le relever, je vais faire plus attention à l'avenir.
K
Bon, ça a l'air de rouler tout ça^^<br /> j'ai remarqué quelques coupures abruptes qui seraient moins flagrantes si tu écrivais un script de film, avec les scènes qui s'enchainent mais ce n'est pas le cas ;)<br /> Parfois j'ai l'impression qu'il manque juste quelques mots, une phrase, pour signifier au lecteur qu'on a quitté une pièce pour se retrouver dans la rue par exemple... Rien de bien méchant quoi! <br /> Mais c'est cool, je vais lire la suite!
Dans la gueule du loup...
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