Lune Bleue - 3 -
Voici la troisième partie qui clôt à présent le chapitre I de ce roman "Lune bleue". Cela vous permettra peut-être de voir dans quelle direction se dirige cette histoire, entre réalisme et fantastique, histoire policière et chasse aux sorcières...j'aime jouer en dehors des limites et des catégories que nous offrent les éditeurs. Ça doit expliquer pourquoi je n'en trouve aucun...(soupir)
Bonne lecture à vous ^^ (attention, c'est un peu long...Pour changer)
_Excusez-moi.
J’ai montré ma carte de police à l’agent assis derrière le
comptoir qui m’a regardé comme si je sortais d’un roman ou d’un téléfilm.
_J’aurai
besoin d’un service. Pouvez-vous me sortir les dernières acquisitions d’un
étudiant avec votre ordinateur ?
_Si vous
avez son nom et son numéro oui.
_J’ai son
nom, vous pouvez essayer quand même ? Anna Malova, en cours de théologie.
_Hum…Malova…
_M-A-L-O-V-A.
_Oui je l’ai. Vous voulez la
liste ?
_S’il
vous plait.
Il a cliqué sur un bouton et l’imprimante s’est emballée.
Deux secondes plus tard, j’avais la feuille en question, numéroté d’une bonne
vingtaine de bouquin depuis le début de l’année.
_Et bien,
elle ne chômait pas !…merci.
_Je vous
en prie.
J’ai regardé autour de moi pour me trouver une place parmi
les étudiants, et j’ai choisi une longue table vide laissée dans un coin du
bâtiment. Il était encore tôt, tous n’étaient pas arrivés, mais il régnait déjà
une atmosphère bruyante malgré l’endroit. Je me suis lentement repérée dans les
rayonnages et j’ai peu à peu sorti les volumes empruntés par la victime.
Heureusement pour moi, ils étaient quasiment tous dans la même rangée.
« Dommage
qu’il me manque les notes d’Anna…cela aurait été plus simple pour savoir ce
qu’elle recherchait exactement »
Je suis partie un peu au hasard, en réalisant bientôt
qu’elle a laissé des annotations ici ou là dans les ouvrages les moins utilisés
par les autres étudiants.
« Elle
s’est concentrée sur le procès de Salem…mauvaise idée… »
Je me suis grattée le lobe de l’oreille, les lèvres
pincées. La vérité « historique » était bien loin de la vérité des
faits qui nous concernait mes cousines et moi. Mais Anna n’avait aucun point de
départ, sa mère ne l’avait jamais doute jamais renseigné sur sa famille. Elle
avait donc commencé par le plus connu
avant de s’enfoncer et se perdre dans le folklore, les mensonges et âneries
souvent écrits dans ce genre de livre. Nous nous confondions tellement avec
l’image de la sorcière véhiculée à travers les âges…la femme, l’humaine que
nous étions n’était jamais retranscrite dans ces lignes…
« Elle
ne s’en serait jamais sortie sans conseil… »
J’ai tourné quelques pages d’un livre
intitulé « Eglise et sorcellerie, un mariage consommé »
et j’ai réalisé qu’Anna avait surtout travaillé sur celui-ci. Elle s’était
appropriée le bouquin d’une telle façon qu’elle avait annoté quasiment toutes
les autres références retrouvées en bibliographie.
« Il
manque le volume deux »
Poussée par une idée, j’ai repris la liste donnée à
l’entrée et j’ai compris que le volume deux devait se trouver dans le sac de
cours disparu en même temps que la jeune femme, car il ne se trouvait ni dans
son studio ni dans les rayonnages. Elle avait donc décidé de l’emporter avec
elle pour mieux l’étudier. Mais qui avait-il d’extraordinaire dans ces
pages ? à mon sens, c’est bourré d’ineptie et se concentrait surtout sur la
retranscription des procès faussés des femmes arrêtées et emprisonnées pour des
raisons diverses. Ce n’était qu’un travail de compilation et non pas une
recherche d’historien.
_Qui a
écrit cette horreur ?
J’ai pris en note le nom de l’auteur par conscience
professionnelle. Si Anna était aussi acharnée dans son travail, elle avait
peut-être cherché à prendre contact avec ce dernier. Enfin cette dernière.
« Il
doit y avoir autre chose, ais-je pensé en sortant sur le perron de la
bibliothèque, il ne peut pas l’avoir repéré seulement avec la liste de ces
livres…n’importe quel étudiant aurait pu les sortir pour faire un exposé ou
étudier le phénomène d’un point de vue tout à fait critique »
J’ai levé une main en réalisant qu’il bruinait. J’ai
remonté le col de mon blouson et me suis enfoncée la tête dans les épaules pour
quitter le campus afin de me trouver un taxi.
_Flack ? Dis, tu peux me trouver l’adresse d’une certaine Eléonore Claveau,
auteur de livres historiques ? oui ça pourrait nous aider…hum hum
d’accord, j’attend ton coup de fil.
J’ai raccroché et j’ai avancé à pas tranquille, dans cette
ville que je connaissais dans ses moindres recoins. La pluie a redoublé et j’ai
préféré prendre ombrage sous un abri-bus désert, pensive.
TID TUD
TID !
« C’est moi. J’ai
ton auteur mais tu vas avoir du mal à y croire »
_Dis
toujours.
« C’est
une certaine sœur Eléonore en fait. Elle vit par chez nous, dans un couvent de
bénédictine. Je n’ai pas pu prendre contact avec elle, il faut passer
directement pour avoir un rendez-vous »
_Une sœur
bénédictine…
Je me suis passée une main sur le front, de plus en plus
perplexe.
« Peut-être
que la petite voulait rentrer dans les ordres, déclara Flack sur le ton de
la plaisanterie, vu l’éducation qu’elle a reçu de sa mère, cela n’aurait pas
été un grand changement pour elle »
_Peut-être…je
vais y aller faire un tour, je crois, cela pourrait nous être utile.
« Tu
veux que je t’accompagne ? »
_Dans un
couvent ? ais-je souri en me redressant, non laisse, ça ne devrait pas
prendre beaucoup de temps.
« Comme
tu veux. Ah toujours rien du côté des homicides. J’en suis à deux ans »
_Continue,
ça va bien finir par sortir. Tu me donnes l’adresse ?
J’ai pris note sur le carnet que j’utilisais pour mes
notes de rapport et je l’ai remercié avant de raccrocher. Je n’aurai jamais cru
qu’il y avait un couvent dans cette partie de la ville…il devait sans doute
être bien caché.
J’ai pris un taxi à cause de la pluie de plus en plus
forte et j’ai donné l’adresse au chauffeur qui m’a regardé à deux fois par le
rétroviseur. Il a fini par démarrer sans rien dire tandis que je continuais de
réfléchir. Je marchais dans les pas d’Anna et ce n’était pas pour me rassurer.
Heureusement, je pouvais me cacher derrière ma carte de police.
_Voilà,
23 rue du rosier blanc.
_…vous
êtes sûr ?
_Bah oui,
le 22 est juste à côté. Ici c’est le 23.
Je suis sortie du véhicule en trouvant devant moi un
immense mur de pierre, aussi haut et large qu’un rempart de Vauban, sans trou
ni fenêtre pour donner sur l’extérieur. J’ai regardé un peu plus loin, et j’ai
deviné une vieille porte cochère.
_Bon…on
va tenter. Merci pour la course.
_Pas de
quoi !
Il m’a rendu ma monnaie puis a filé sans demander son
reste, me laissant ainsi sous cette pluie torrentielle devant un mur de
citadelle noirci par la pollution, oublié au milieu des constructions modernes si bien que c’était difficile de
croire qu’il y avait quelque chose derrière.
« Ouh
la sonnette »
J’ai tiré dessus en me demandant si elle n’allait pas me
tomber dans la main et j’ai attendu, les épaules remontées. Des pas se sont
fait entendre après un bon moment et un œil est apparu au milieu de le porte.
_C’est
pourquoi ?
_Pardon
ma sœur, mais c’est urgent ; j’aimerai parler à sœur Eléonore. S’il vous
plait.
Je lui ai montré ma carte. Elle a refermé le judas d’un
geste sec et a ouvert au moins trois verrous avant de s’écarter.
_La
police ? C’est grave ?
_Je
désire juste lui poser quelques questions, la sœur n’est pas concernée. Mais
elle pourrait m’aider pour une affaire en cours.
_Suivez-moi
dans ce cas, je vais prévenir notre mère supérieure.
Elle m’a conduite sous des arcades de pierre qui donnait
sur un beau petit jardin maintenant quelque peu trempé par la pluie, puis nous
sommes entrés dans le bâtiment central.
_Attendez
ici s’il vous plait.
Elle m’a laissé pour grimper de beaux escaliers de bois et
je me suis passée une main sur le visage afin de retirer cette eau qui
m’aveuglait encore. Je me suis légèrement secouée en évitant de trop arroser
les vitraux et j’ai regardé autour de moi, plutôt mal à l’aise. Une statue de
Vierge se tenait là, les mains ouvertes et me fixait de ses yeux blancs. J’ai
préféré faire quelques pas, les mains dans le fond des poches. Cela me
rappelait bien trop de mauvais souvenirs…
_Mademoiselle ?
_Hein euh oui !
J’ai fait un bond quand une autre sœur est apparue dans
les escaliers, le visage souriant. Je l’ai trouvé jeune pour une mère
supérieure et mon regard a semblé l’amuser. Elle devait avoir l’habitude de ce
genre de réaction.
_Où
devrais-je plutôt inspecteur ?
_Lieutenant.
Lieutenant Diane Montel. Je suis désolée de vous déranger sans m’être fait
annoncée auparavant, mais c’est malheureusement assez urgent.
_Notre
sœur portière me l’a dit en effet. Vous désirez parler à sœur Eléonore ?
_C’est
exact, ais-je acquiescé en reniflant à cause d’une goutte de pluie très maligne
qui glissait le long de mon nez, peut-être pourriez-vous me renseigner par
ailleurs. Est-ce que cette jeune fille est venue vous rendre visite récemment ?
J’ai ouvert mon blouson pour en sortir la photographie
d’Anna prise sur la table de travail lors de son entrée dans la morgue d’Alain.
La mère supérieure s’en est doucement saisie et a viré à un blanc explicite.
_Elle
est… ?
_J’en ai
peur. Nous avons retrouvé son corps très tôt ce matin. Et en fouillant dans ses
affaires, nous avons cru comprendre qu’elle faisait des études de théologie.
_Sœur
Eléonore a en effet écrit des livres mais…j’étais absente il y a deux jours…un congrès. Elle sera sans doute
plus apte de vous renseigner. Venez, elle doit être dans son atelier à cette
heure.
Elle m’a rendu la photographie et a fait demi-tour pour me
faire passer sous les escaliers et emprunter un autre couloir couvert par des
pierres froides et des vitraux bicolores qui empêchaient quiconque de voir par
l’extérieur. Je l’ai suivi en gardant un œil partout, la nuque hérissée. Je
n’avais rien du tout contre les sœurs comme la mère supérieure…mais cet
endroit…c’était génétique, je ne pouvais pas me sentir bien dans une telle
bâtisse.
_Nous y
sommes presque.
Elle a poussé une lourde porte de bois qui n’a émis aucun
bruit et l’a refermé derrière moi avec un trousseau de clef à l’ancienne.
_Ces murs
ont plus de trois cent ans, me dit-elle en devinant mon air surpris à
l’apparition des clefs en question, et ces serrures sont bien plus solides que
toute cette technologie que l’on utilise aujourd’hui, vous pouvez me croire.
_…Ah…si
vous le dites…
Elle a continué de sourire et m’a guidé à travers ce qui
devait être un ancien lavoir. Je me suis alors demandé si elles lavaient leur
linge également à l’ancienne ou avec l’aide des machines à laver, quand elle a
poussé une autre porte et m’a attendu pour m’indiquer une nouvelle pièce d’où
s’échapper d’étranges bruits de frappe.
_Voici
notre atelier d’ébéniste. Sœur Eléonore en est la chef d’équipe.
Je me suis arrêtée dans l’encadrement, surprise. Il y
avait des copeaux de bois partout, des tables de travail couvertes de sciure
posées sur des tréteaux, et deux sœurs au travail avec un masque transparent
sur les yeux et un masque pour éviter d’être blessé par les projections faites
pendant la taille des sculptures.
_Nous
avons une petite production qui aime s’exporter à travers les pays d’europe. Le
savoir faire de nos sœurs est reconnu bien au delà des frontières de notre
ville, vous savez ?
Je suis restée sans voix, assez stupéfaite du spectacle
qui s’offrait à moi. L’une des sœur a fini par se rendre compte de notre
présence et à cesser de frapper du burin sur une grosse pièce de bois encore
non travaillé.
_Ma
mère ?
Elle a retiré son masque et ses lunettes sans même
que son voile ne bouge d’un centimètre et j’ai deviné le visage de l’auteur du
livre avec quelques années de plus. Et une permanente beaucoup plus discrète.
_Sœur
Eléonore, pardon de vous déranger en plein ouvrage, mais je me trouve avec le
Lieutenant Montel. Elle désirerait vous entretenir à propos d’une jeune fille.
_Une
jeune fille ?
Je lui ai tendu la photo et elle a aussitôt demandé à
s’asseoir en reconnaissant Anna, titubante.
_Par tous
les saints…murmura-t-elle en se signant rapidement, oui je la connais mais…mais
que lui est-il arrivé ?!
_Ma sœur,
quand est-ce que cette jeune fille est-elle venue vous rendre visite ?
J’ai haussé un sourcil devant l’intervention de la mère
supérieure mais j’ai évité de faire une remarque, étant donné que j’allais
moi-même poser cette question par la suite.
_Pendant
votre absence ma mère. Elle voulait m’entretenir au sujet d’un des livres que
j’ai écrit pendant ma vie de civile. Elle était vraiment aux abois, je n’ai pas
eu le cœur de la dérouter.
_Et vous
avez bien fait.
_Hum hum.
J’ai fait mine de me racler la gorge et la mère supérieure
s’est rappelée de ma présence, visiblement confuse.
_Toutes
mes excuses lieutenant. Je me suis laissée emporter.
J’ai eu un petit sourire amusé avant de redevenir sérieuse
et de me tourner du côté d’Eléonore.
_Anna est
décédée ma sœur. Quelqu’un l’a assassiné.
_Oh
non…une si gentille fille.
Son choc n’était pas un leur. Elle posa une main sur son
cœur et ferma les yeux un instant avant de reprendre une bonne inspiration et
de me regarder d’une manière plus assurée.
_Que
voulez-vous savoir ?
_Des
précisions sur la raison de sa venue. C’était pour votre livre « Eglise et
sorcellerie, mariage consommé » n’est-ce pas ?
_En
effet. Elle…elle m’a dit l’avoir trouvé très édifiant et voulait m’interroger
sur les travaux qui m’avaient conduit à l’écrire. Je lui ai dit que cela datait
de plus de dix ans et…que c’était loin d’être le meilleur de ma biographie.
C’était une commande d’éditeur.
_Elle
avait le volume deux avec elle ?
_Oui,
acquiesça-t-elle en me regardant, elle le tenait fort contre elle comme…comme
une relique. Cela m’a presque mise mal à l’aise…je n’ai pas compris pourquoi
elle y affectait autant d’importance.
Elle m’a rendu la photographie d’une main tremblante.
_Vous
a-t-elle semblé anxieuse ? nerveuse ?
_Non,
c’était tout le contraire ! Elle était heureuse, exaltée. Nous avons
discuté de nombreuses heures jusqu’à ce que je me rende compte que j’étais en
retard pour les prières.
_De quoi
voulait-elle discuter ?
_De
l’Inquisition principalement. La chasse aux sorcières qui a couvert le 16 et 17e
siècle. Elle était vraiment partagée…comme nous toutes, déclara Eléonore en
jetant un coup d’œil furtif en direction de la mère supérieure, elle ne
semblait pas savoir de quel côté se placer. L’historienne et la croyante se
combattaient et ce n’était pas facile pour elle.
_J’imagine…qu’elle
ne vous a parlé de sa vie privée. Si elle avait un ami ou…
La sœur a soupiré en se massant une épaule douloureuse.
_Il ne
m’a pas vraiment semblé qu’elle ait même une vie privée…toutes ses pensées
étaient consacrées à ses recherches. C’était…à la fois passionnant et
inquiétant pour une jeune femme de son âge. J’ai peur…qu’elle soit aller trop
loin…j’aurai peut-être du la mettre en garde.
_Vous ne
pouviez rien faire ma sœur, la rassura la mère d’un regard assuré, elle était
heureuse en parlant avec vous, vous ne pouviez en aucun cas vous douter de ce
qui allait se passer. N’est-ce pas ?
Cette dernière m’a prise à témoin et je n’ai fait
qu’acquiescer, pensive. Je n’allais pas en apprendre plus de ce que je savais
déjà…
_Je vais
prendre congé, je vous ai suffisamment ennuyé avec mes ques….
J’étais sur le point de faire demi-tour quand j’ai vu une
caisse remplie de croix en bois.
_…tion…
Je me suis arrêtée et je me suis permis d’en prendre une.
C’était la copie parfaite de celle trouver autour du cou d’Anna.
_Lieutenant ?
quelque chose ne va pas ?
J’ai redressé la tête, soudain fébrile.
_Ces
croix…c’est votre œuvre ?
Sœur Eléonore acquiesça, maintenant méfiante.
_Oui.
Nous en produisons en petite quantité pour nos sœurs…
_Les
sœurs ? Vous êtes les seules à en porter ?
_Euh non…nos
invités en reçoivent tous une lorsqu’ils viennent nous rencontrer mais…
_En
dehors de vous, personne d’autre n’en fait de semblable ?
_Non,
comme je vous l’ai dit, nous les taillons nous-même. C’est de l’artisanal. A
100%.
J’ai senti mon cœur battre la chamade d’excitation, comme
à chaque fois où je tenais une piste valable.
_Ma mère,
je vais avoir besoin de la liste de vos invités s’il vous plait !
Spécialement ceux de cette semaine !
_Pas
avant que vous m’ayez expliqué ce qui vous prend, rétorqua-t-elle, en quoi ces
croix vous aide-t-elle ?
J’ai hésité un moment avant de céder. Elles ne pouvaient
pas avoir torturé Anna de part leur taille et leur poids. Et je ne ressentais
aucune animosité concernant les sorcières.
_L’une
d’entre elle a été placé autour du cou de notre victime. Or si vous me dites
qu’elles ne peuvent se trouver dehors sans votre autorisation…ma mère
aidez-moi. Je DOIS savoir qui a eu l’une de ses croix pour mieux pouvoir le
rayer de la liste.
_Vous ne
pensez tout de même pas que vous avons hébergé un assassin !
_Ma
mère…si l’un de vos visiteurs a perdu sa croix…il pourra toujours nous aider
quant au lieu et les gens qui se tenaient autour de lui à ce moment et qui a pu
la récupérer. Anna a vraiment souffert avant de partir…je ne serais pas là si
ce n’était pas le cas !
Elle m’a longuement observé, l’air pincé, puis ses épaules
se sont affaissées et elle a eu un soupir en se passant une main sur le front.
_Très
bien, je vais demander cette liste. Mais j ‘espère vraiment…
Elle n’a pas terminé sa phrase, réalisant sans doute que
son souhait n’était pas adéquat avec la situation.
_Mes
excuses…je ne sais plus ce que je dis…
_Je
comprends. Pardonnez-moi de vous pousser ainsi mais nous n’avons aucune piste
en dehors de celle-ci. Et je refuse qu’une autre innocente subisse ce qu’Anna a
du endurer avant d’être délivrer.
Elle a lourdement hoché la tête avant de quitter la pièce
d’un pas rapide pour aller chercher la liste qui allait peut-être me donner un
nom. Eléonore m’a longuement observé tandis que j’essayais de remettre mes
cheveux en ordre après cette pluie d’orage.
_Hum ?
_…pardon…je
vous trouvais bien jeune pour faire ce travail.
_Je ne
fais pas mon âge, me suis-je gentiment moquée avant de me secouer un peu.
Elle a continué de me fixer et j’ai commencé à regarder
ailleurs. L’habit ne faisait pas le moine comme disait l’adage…mais ça n’aidait
pas à se sentir à l’aise.
_Vous
êtes comme elle…
_Excusez-moi ?
_Oui,
vous avez le même regard.
J’ai froncé les sourcils mais le retour rapide de la mère
supérieure m’a empêché de répondre.
_Vous
avez la chance que notre sœur soit une maniaque de l’ordre.
Elle m’a tendu une feuille sur laquelle avait été
retranscrit cinq nom.
_Tous
sont venus cette semaine ?
_En
effet. La jeune fille est la seule à être passé pendant mon absence. Mais je me
porte garant pour nos autres visiteurs : nous les connaissons tous depuis
des années !
J’ai eu du mal à retenir un sourire cynique.
_Je vous
promet de rester discrète. Merci pour tout. Ma sœur…
J’ai salué Eléonore Chauvet avant de quitter la pièce.
Vite de l’air !
Fin du chapitre I (En espérant que cela vous a plus ^^)