Expérience
(Attention lecture)
A la base, je suis une fan de roman policier, de fantasy et de fantastique. J'aime mélanger les genres car les limites imposées par les autres auteurs, les éditeurs ou le marché du livre donnent rarement envie de les suivre. (Oui je suis une anti conformiste...Je déteste suivre les lignes des autres. C'est peut-être pas très malin, mais c'est mon caractère)
Bien sûr, cela me joue des tours car on ne sait jamais quel genre je préfère par rapport à l'autre.
Mon dernier roman "Black Angel" se passe dans un monde réel mais légèrement futuriste, car j'ai préféré le placer après la troisième guerre mondiale. Cela n'a pas été choisi au hasard car le contexte est très important pour la trame principale. le personnage principal n'est pas un super héroïne. C'est une jeune étudiante qui souhaite par-dessus réussir sa carrière d'avocate malgré les embuches que l'on dresse devant elle à cause de ses origines sociales modestes.
Histoire presque banale s'il en est. Mais j'ai rajouté une couche de mystique, une bataille qui se place bien au-dessus de sa pauvre tête et qu'elle va tenter de déjouer en essayant de ne pas perdre son âme.
A cause de ça, il est difficile de qualifier ce roman de fantasy ou de fantastique. Car le monde est basé sur une réalité, mais certains personnages eux, dénotent bien sûr du genre humain. Tous mes écrits reflètent quasiment de cette dualité. Si ce n'est pas le monde qui est réaliste, alors ce seront les héros qui seront particuliers. Et si ces derniers ne sont que des simples êtres humains, le contexte dans lequel ils évoluent sera étrange.
Bien sûr, cela n'a strictement rien de particulier ! Tous les auteurs virevoltant entre plusieurs genres font la même chose. C'est d'ailleurs ce qui donne du charme à leurs écrits.
Pour ceux qui aiment ce genre de littérature évidemment.
Ici je vous présente le début d'un texte qui pour l'instant, reste en stand-by, trop occupée que je suis avec "Lune bleue". Mais je le garde tout de même, en attendant que le sujet se dévoile à moi.
Je m'essaye pour la première fois à la SF, je ne respecte donc pas vraiment les règles établies du genre (pour changer ^^)
Soyez indulgents :p
_Moi,
j’vous dis, le monde fout l’camp !
Un bruit de verre frappé sur le
comptoir et le vieux Renois eut un rot particulièrement ragoûtant. J’ai gardé
un soupir en passant un coup de torchon sur une table abandonnée récemment par
des clients.
_Hein ?
reprit-il en prenant mon patron pour témoin, avec ces sales Infernaux qui
viennent pomper not’ air et not’ eau !
_Qu’est-ce
que tu veux ? soupira Bernard en essuyant calmement ses verres, la milice
fait ce qu’elle peut aussi.
_La
milice tu parles !
J’ai soupiré en devinant de
nouveau le verre claqué sur le comptoir d’un geste sec. Ce vieil ours avait le
chic pour nous les fendiller sans savoir que ça coûtait cher, les verres.
_S’ils
faisaient vraiment leur boulot, on s’rait pas obligé de subir ce couvre-feu à
la con ! En prison qu’on est d’abord !
Bernard a fait une mine explicite
et m’a remercié quand je lui ai apporté les couverts sales. Je me suis essuyée
le front de ma manche, écrasée par la chaleur ambiante. Nous étions en automne
mais après deux jours de pluie sans interruption, nous subissions le
réchauffement climatique de plein fouet. Si le soleil était en train de mourir,
il avait bien envie de nous emmener avec lui.
_Liana,
tu peux descendre pour nous ramener de la glace ?
_Encore ?
_Ça
fond qu’est-ce que tu veux ?
J’ai plissé des paupières quand
Bernard m’a tendu le seau avec un large sourire. Je détestais quand il faisait
semblant de me prendre pour une imbécile devant les clients. Ça ne faisait rire
que lui.
_Bon…
Je suis allée jusqu’au fond du
café et j’ai ouvert la porte de la cave avant de tâtonner un peu sur ma gauche
pour trouver l’interrupteur. La lampe a scintillé puis m’a ébloui en éclairant
les escaliers de bois qui menaient à la réserve.
_Pendant
que tu y es, vérifie le générateur ! ça commence à clignoter par
ici !
_Ouiiii !
J’ai descendu les marches en
bougonnant, mon seau vide à la main et j’ai gagné le frigidaire horizontal pour
le remplir de glace.
_Brr…
J’ai frissonné en me soufflant
sur les mains puis j’ai été du côté des bouteilles pour voir l’état de la
machine à électrolyse qui émettait des étincelles d’une couleur bleutée.
_Et
merde.
J’ai attrapé le marteau laissé
sur le côté et j’ai donné un grand coup sur la carte mère pour la relancer.
Elle a émis un « bip » strident et s’est mise à crachoter avant de se
taire enfin et de roucouler quasiment sans bruit.
« C’est
bon, merci ! »
L’ampoule
au-dessus de ma tête s’illumina d’autant plus et me prouva que j’avais frappé
au bon endroit. J’ai posé mon arme puis j’ai récupéré mon seau glacé pour enfin
remonter à la surface.
_Il
ne va pas tenir longtemps à ce rythme, ais-je fait remarquer en donnant les
glaçons à mon patron, la carte commence à subir des bosses.
_Je
sais bien, grimaça-t-il en versant la glace dans le bac de son bar, mais les
prix ont encore augmenté avec l’invasion du sud. Manque de main d’œuvre y
paraît.
J’ai évité de faire une mine
explicite en retournant à mon plateau, mon torchon sur l’épaule. La nuit
tombait déjà malgré l’éclairage plus que conséquent de la ville mais il me
restait encore une heure à trimer dans ce trou perdu. Le quartier n’était pas
le plus habité depuis la réhabilitation du centre et nous ne croulions pas sous
les demandes. Mais c’était un boulot plutôt calme, les clients étaient en
général assez sympathiques et Bernard me traitait bien. Même si à ses yeux, je
n’étais encore qu’une gamine.
_Lian,
c’est bon, tu peux rentrer. Je fermerai.
_Tu
es sûr ?
_Ecoute,
on est à une demi-heure du couvre-feu, alors je ne vais pas te laisser traîner
dans les rues avec ces rondes de milicien.
_Je
suis majeure, j’ai droit à un temps supplémentaire.
_Ouais
bah, j’y crois pas à cette autorisation. Alors, va te changer et n’oublie pas
tes clefs cette fois. Tu ouvres demain matin.
_Si
encore j’avais le choix…
Bernard a souri de bonne grâce à
ma mauvaise foi et a fini de nettoyer son cher comptoir pendant que je filais
dans les vestiaires. Vestiaires qui étaient en réalité une pièce absolument
minuscule, à peine assez grande pour que je puisse m’asseoir afin de changer de
pantalon. J’ai troqué mon uniforme jaune de serveuse pour un ensemble un peu
plus sport mais pas très sexy en soit, il fallait bien le dire.
_Rha
super…
J’ai grimacé en me regardant dans
la seule glace qui couvrait l’intérieur de ma porte de casier. Mes cheveux
sentaient la graisse de frite grâce au gros lard qui était venu commander une
énorme ration alors que ce n’était pas au menu. J’avais du ressortir la vieille
friteuse mais cette dernière n’avait pas eu le temps d’être nettoyée et j’avais
tout pris dans la figure. Mes cheveux blonds étaient plus cendrés qu’autre
chose avec cette crasse…
« Liana
qu’est-ce que tu fous ? je vais fermer ! »
_J’arrive !
J’ai attrapé mon sac de sport, je l’ai fermé autour de mon
épaule et j’ai quitté la pièce sans regret en m’attachant les cheveux.
_Rentre
directement, d’accord ? me dit Bernard en m’ouvrant la porte, et ne fais
surtout pas de détour. Les milices ne vont pas tarder à pointer le bout de leur
nez.
_T’inquiète,
j’ai l’habitude.
J’ai tiré mon vélo laissé non
loin de la sortie aux yeux de tous pour éviter que je me le fasse voler et je
l’ai chevauché sans attendre le début du couvre feu. Bernard a fermé juste
derrière moi puis a tiré le volet de fer à son maximum pour ne pas être dérangé
pendant qu’il comptait la caisse.
J’ai filé droit devant moi dans
les rues désertes, de moins en moins éclairées au fur et à mesure que
j’avançais en direction de mon quartier d’habitation. Il y avait restriction
d’énergie depuis la réhabilitation, seul le centre avait droit à l’énergie B,
celle utilisée par le générateur que j’avais encore assommé d’un bon coup. La
périphérie lui, n’avait droit qu’à la A, la moins chère, celle qui éclairait à
demi-vue d’une lumière jaune plutôt désagréable pour les yeux.
« BRRRRRR »
_Qu’est-ce
que… !
Alors que je continuais de
pédaler à mon allure, plongée dans mes pensées, le sol s’est furieusement mis à
trembler. J’ai du poser le pied quand les lampadaires ont commencé à frémir et
à teinter dans un bruit de verre particulièrement agaçant.
_Oh
non…
J’ai regardé autour de moi et j’ai réalisé que j’étais
arrêtée en plein milieu d’un carrefour habituellement très fréquenté en pleine
journée. Le bitume s’est déchiré en craquelure qui m’ont bientôt entouré et
j’ai compris trop tard que des Infernaux venaient d’atterrir non loin d’ici. La
pression de leur vaisseau laissait toujours les routes les plus imposantes à
l’état de débris.
_C’est
pas vrai !
J’ai repris mon guidon et j’ai
pédalé le plus vite possible loin de ce carrefour, le cœur au bord des lèvres.
Si je tombais nez à nez avec ces monstres, j’étais morte. Ou envoyée en tant
qu’esclave sur Sedna. Les Infernaux ne rigolaient pas avec leur idée
d’invasion. Si nous ne nous défendions pas aussi bien, cela ferait longtemps
que la Terre serait entre leurs mains.
_NON !
IIIiiiiiii !
J’ai freiné de toutes mes forces
quand des silhouettes difformes se sont dessinées dans la lumière de mes
phares. Trois envahisseurs se trouvaient juste devant moi et m’observaient de
leurs quatre yeux jaunes qu’ils clignèrent en même temps.
« Grrrruuaaua »
L’un d’entre eux m’a pointé d’un
doigt fin en poussant un râle qui devait sans doute vouloir dire quelque chose
dans leur langue mais qui me paralysa entièrement. J’ai commencé à trembler de
la tête aux pieds sans savoir quoi faire. C’était la deuxième fois que je
tombais face à ces monstres, mais cette fois-ci, j’étais toute seule.
« Grrrooua »
Son collègue m’a regardé fixement
et a dégainé l’arme qu’il avait à la ceinture. Ce n’était pas pour me tuer.
Mais pour m’emprisonner. Je les avais déjà vu faire feu avec cette chose qui
engluait leur proie dans une substance qui ne leur laissait aucune chance, les
soudant au sol dans une étrange céramique. Si j’étais prise là-dedans, c’était
fini.
_Non !
J’ai violemment repris mes
esprits quand un rayon m’a ébloui. J’ai lâché mon vélo et je me suis jetée sur
le côté sans vraiment réfléchir à mes actes. J’ai brutalement atterri sur le
bitume et me suis blessée au bras lorsqu’ils ont emprisonné mon vélo dans un
cocon de gélatine.
« Ouurr ! »
Le troisième larron rechargea son
fusil et me visa entre les yeux. Mes tremblements ont repris alors que j’étais
gisante sur le sol, en train de les regarder sans bouger, les jambes paralysées
par la peur. J’ai vu la lumière jaune sortir du canon et je crois qu’à cet
instant, je me suis mise à hurler à plein poumon.
Une explosion brutale a secoué
tout le carrefour. Les Infernaux ont fait volte-face en poussant des cris
rauques et m’ont complètement oublié sur le bord de la route pour se précipiter
là où l’exposition avait eu lieu. J’étais en nage, totalement perturbée, mais
j’ai instinctivement cherché à me remettre debout pour vite m’éloigner de cet
enfer.
_AOUH !
Mes mains étaient brûlantes. J’ai
grimacé à cause de la douleur, les larmes au bord des yeux. Tout le carrefour
était illuminé par les flammes qui semblaient venir d’un bâtiment touché en
plein fouet. J’ai regardé autour de moi, les bras lourds comme si j’avais porté
des poids toute la journée et je me suis mise à courir un peu au hasard, en
cherchant surtout à m’éloigner du point de chute du missile qui avait sans
doute cherché à atteindre le vaisseau Infernal sans faire attention s’il y
avait des civiles aux alentours.
« RROUU ! »
_Aahh !
J’ai pillé en tombant nez à nez
avec un autre monstre au détour d’un bâtiment. Ce dernier a eu aussi peur que
moi en écarquillant ses quatre yeux, quand il a réalisé sa situation et m’a
aussitôt pointé de son arme. Je me suis figée, la vue troublée par les larmes.
« Rou ! »
J’ai levé les mains dans un réflexe et il a plissé deux
paupières sur quatre en me dévisageant.
_…pitié…
J’ai longuement dégluti,
pétrifiée. L’infernal a continué de me regarder sans savoir quoi faire de moi,
quand ses quatre yeux se sont ouverts en grand lorsqu’il a vu l’état de mes
mains. J’ai tourné le regard un instant et j’ai poussé un cri de stupeur :
mes doigts étaient violets ! et entre eux, semblaient passer de petits
éclairs, comme dans les filaments d’une ampoule.
« EMA ! »
L’infernal s’est mis à hurler un mot que j’ai pu
comprendre et a braqué son arme sur mon front. J’ai automatiquement voulu la
retirer de là mais quand mes doigts ont touché l’arme, l’infernal a été projeté
d’une telle force en arrière, qu’il s’est écrasé contre le mur juste derrière
jusqu’à le fendiller.
Je suis restée debout, le visage couvert de larmes et les
mains en l’air, sans comprendre ce qui venait de se passer.
_HALTE-LA !
Un rayon bleu m’a ébloui le visage. J’ai cligné des yeux
pour deviner des agents de la milice de l’autre côté de la lampe braquée sur
moi.
_Décline
ton matricule ! Allez !
Ils étaient trois. Celui de
gauche posa une main sur le poignet de son collègue et lui désigna l’infernal
qui gisait à quelques mètres de nous. J’ai vu leurs lèvres bouger, j’ai entendu
des son sortir de leurs bouches comme s’ils s’adressaient à moi, mais je n’ai
rien perçu de leur sens. Le monde était devenu étrange.
Mes jambes m’ont abandonné et je me suis écroulée dans les bras d’un milicien qui a eu le réflexe de me rattraper avant que je ne m’effondre totalement. J’ai à peine vu son visage que ma vue brouillée est devenue noire. Cette chaleur qui m’avait envahi les membres me possédait tellement que j’ai eu l’impression de mourir de chaud.
En vérité, comme je l’apprendrais bien plus tard, en sortant de mon boulot, j’étais tombée sans le vouloir sur le lieu d’atterrissage forcé d’un navire Infernal, chassé par la milice alors qu’il tentait une attaque kamikaze sur le centre-ville. Comme c’était le couvre-feu, les miliciens ne s’attendaient pas à me trouver là. Mais ils ont été encore plus surpris lorsqu’ils ont vu mes mains.
Ces mains…jusqu’alors, elles avaient toujours été on ne peut plus normal. Mais elles venaient de se réveiller. EMA…la peur dans le regard de cet Infernal…jamais je ne l’oublierai."
Voilà voilà. En espérant que vous avez eu une lecture agréable ^^