Lune Bleue - 7 -
La suite de mon roman après ces quelques jours plus calmes à travers une toute petite nouvelle ^^ Je m'efforce à faire des coupures plus petites, j'espère que vous n'y perdrez pas au change.
Bonne lecture à vous ^^
Suite du chapitre III
"J’ai haussé les épaules, mauvaise joueuse. Alain s’est
contenté de sourire et de repousser le corps de Mulosky au fond de son casier
réfrigéré d’un geste habitué. Nous l’avons laissé travailler et avons regagné
la surface d’un pas rapide pour rejoindre la voiture. J’ai regardé vainement
autour de moi en imaginant madame Malova apparaître quelque part pour venir
discuter, mais elle était déjà loin et je m’accrochais stupidement à cette idée
de lui faire comprendre à quel point sa fille pouvait souffrir. Mais elle
l’avait sans doute compris sans mon intervention musclée.
_C’est
là ?
_Hum ?
oui juste derrière le mur.
Flack m’a réveillé alors qu’il cherchait le fameux couvent
du prieuré sans réaliser qu’il était dissimulé derrière les remparts. Il a garé
la voiture non loin de là et je suis allée tirer la sonnette, maintenant
habituée à sa vétusté. La sœur portière est revenue, maintenant que le temps
était aux éclaircies et a eu un drôle de regard en me devinant de l’autre côté
du rempart.
_Encore
vous ?
_Eh oui
encore moi. Voici mon collègue, le sergent Flack. Nous aimerions parler à la
mère supérieure s’il vous plait.
Flack a subi un regard en biais mais la porte s’est tout
de même ouverte et elle nous a laissé passer malgré son envie à peine cachée de
nous laisser sur le trottoir. Elle nous a montré le chemin jusqu’aux escaliers
qui menaient au bureau de la mère Véronique et j’ai soigneusement évité de
regarder la statue de la Vierge, soudain très attirée par le jardin.
_Lieutenant
Montel ? encore des soucis ?
Flack s’est redressé tel un militaire devant cette femme
voilée qui m’a interrogé d’un regard inquiet. Elle l’a salué d’un petit
sourire mutin avant de revenir vers moi, sérieuse.
_Nous
avons quelques questions à vous poser ma mère. Surtout concernant un certain
Pierre Mulosky. Je crois comprendre que vous le connaissez depuis un petit
moment.
Elle s’est arrêtée au pied des escaliers, le visage blanc.
Flack a suivi le moindre de ses geste, cachant difficilement son malaise, et
elle a soupiré en se pinçant les lèvres.
_Oui
évidemment…vous l’avez découvert.
_Vous
nous auriez épargné beaucoup de travail en nous disant la vérité dès le départ,
vous savez ?
_C’est
lui qui m’a demandé de ne rien vous dire. Il était effrayé à l’idée que vous le
soupçonniez de cette horreur.
Elle a ouvert un bras pour nous inviter à la suivre à
travers les jardins en question, enfin éclairés par quelques rayons du soleil.
_Le père
Michel avait commis beaucoup d’erreur dans sa jeunesse, mais il avait prouvé sa
foi en prenant la robe.
_Avait ?
vous savez donc qu’il est décédé ?
Elle s’est arrêtée un instant puis nous a fait face, l’air
troublée.
_Une
connaissance habitant dans le quartier de son église m’a appelé dès que la police
est arrivée. Il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre.
_Il a été
tué pendant que j’étais au téléphone avec lui ma mère, et sans rentrer dans les
détails, il a souffert.
Elle s’est passée une main sur le front et a quitté les
arcades pour aller s’asseoir sur un banc de pierre, le teint blanc. Flack a
commencé à s’inquiéter et s’est posé à ses côtés, prudent. Je leur ai fait face
et elle a pris une longue inspiration pour calmer les tremblements qui
traversaient ses mains.
_Je l’ai
rencontré en prison pendant l’une de les visites, il y a 7 ans de cela. J’ai
découvert un homme brisé par son passé violent et qui cherchait désespérément
un moyen de se reconstruire. Je l’ai aidé lorsqu’il est sorti et il a lui même
pris la décision de rejoindre notre famille. Et quoique vous puissiez penser,
j’ai cru en lui.
Cette dernière remarque était pour moi car elle a levé les
yeux dans ma direction. Je n’ai pas répondu, les mains au fond des poches.
_Je l’ai
prévenu de votre visite afin d’éviter qu’il ne fasse une bêtise en votre
présence.
_Une
bêtise ?
_Il était
du genre à paniquer dès qu’il croisait un uniforme. J’avais beau le rassurer en
lui disant qu’il était un homme libre…mais 15 ans de prison, ça marque un
individu, quel qu’il soit.
_Il vous
a dit quelque chose lors de ce coup de fil ? concernant la victime par
exemple ?
_La jeune
fille ? il m’a assuré de ne lui avoir parlé que pour lui rendre un papier
qui avait glissé de son livre. Elle l’a simplement remercié puis est partie
rejoindre sœur Eléonore sans jamais se retourner.
_Pourquoi
nous avoir dit le contraire dans ce cas ? il nous a assuré ne l’avoir
jamais croisé.
_La peur
sans doute.
_Ma mère,
si nous avions été mis au courant pour son identité, nous aurions peut-être pu
empêcher son meurtre ! Il s’est rendu compte de la disparition de sa croix
lors de notre visite et a tenté de me prévenir ! Qu’est-ce qu’il a pu voir ce
jour là pour mériter qu’on lui arrache les yeux ?!
_Diane !
Flack s’est violemment redressé et m’a fait face, le
regard noir.
_Je ne
dis que la vérité.
_Il y a
d’autres manières de le faire !
_Cet
homme est mort parce qu’elle a « oublié » de nous dévoiler des
informations importantes le concernant ! Excuse-moi de ne pas prendre des
baguettes avec elle !
_Je le
savais que je devais venir avec toi ! C’est plus fort que toi hein ?
il faut à tout prix que tu mettes tout sur le dos de…
Brrrrr ! brrrrr !
Nous nous sommes écartés quand son portable s’est mis à
vibrer comme un vieux chat en train de ronronner.
_Excusez-moi.
Il m’a envoyé un autre regard explicite avant de
s’éloigner pour aller décrocher au calme. J’ai fait quelques pas, la mâchoire
serrée. La mère Véronique m’a longuement observé, calmement assise sur son banc
de pierre. J’ai détesté ce regard de pitié et j’ai regardé ailleurs, les tripes
à l’envers.
_J’ignore
qui sont les personnes de notre ordre qui vous ont fait souffrir Lieutenant,
mais je peux assurer que je ne suis pas de leur engeance. Je cherchais juste à
protéger le père Michel.
J’ai reniflé une fois et me suis tournée de son côté. Elle
semblait misérable voûtée ainsi, les doigts serrés autour du tissu de sa robe.
_Nous
avons été maladroits…mais jamais…jamais je n’ai souhaité sa mort ! malgré
ses erreurs, c’était un homme bon !
_Un homme
bon qui a tué un policier lors d’un braquage !
_Ce
n’était pas lui ! mais l’autre individu qui l’accompagnait.
_Il a
tout de même pris 15 ans !
_Pour
avoir refusé de donner son nom au président de la cour ! C’était…c’était
un homme loyal envers toute chose !
_Même
envers un meurtrier ?
Elle a baissé les yeux en se mordant la lèvre inférieure.
_La foi
n’efface pas les pêchés du monde ma mère…loin de là. Ils n’ont pas plus
d’excuse que les autres. En tout cas, pas au nom de votre dieu qui a causé bien
plus de mort que n’importe qui avant et après lui.
Elle a brutalement redressé la tête mais n’a pas eu le
temps de me répondre car Flack est revenu, le visage renfermé.
_C’était
le labo. Selon eux, l’arme utilisée hier soir par notre meurtrier a déjà
servi. Pour un braquage, il y a 5 ans de cela.
_Vraiment ?
J’ai regardé une dernière fois la mère avant de faire
demi-tour.
_Allons
voir ce que ça donne. On apprendra rien de plus en restant ici.
_Diane !
_Tu as 5
minutes.
Je l’ai laissé seul avec la sœur et j’ai quitté le jardin
pour me diriger vers la sortie, les nerfs à fleur de peau. Non malgré tous ces
siècles écoulés et les changements de mœurs, je ne pouvais toujours pas leur
pardonner. C’était plus fort que moi."
Voilà ^^
Affaire à suivre!