Lune Bleue - 8 -
Encore un morceau de mon roman :) Etant donné que je n'ai aucun commentaire, j'ignore si je vais continuer de le poster. Je ne fais pas ça non plus pour avoir des louanges, mais surtout pour avoir des critiques, des points de vue, des remarques...et comme je n'en ai aucun(e), je ne sais pas trop quoi en penser.
Après, peut-être que ça plait ou pas du tout, mais comment savoir ? peut-être vous qui passez ici penser lire un truc tranquille sans vous prendre la tête - ce que j'espère - mais sachez que c'est aussi du boulot derrière. Et sans retour, c'est parfois dur de continuer...on se demande un peu à quoi ça sert, à part se faire plaisir personnellement.
Voilà, suite du chapitre. Bonne lecture à vous.
J’ai gardé mes mains au fond de mes poches quand Flack est
venu me rejoindre dans sa voiture. Mes paumes me démangeaient et ce n’était pas
bon signe. Je devais à tout prix me calmer.
_Tu as de
la chance, la mère ne t’en veut pas.
_Ciel, je
vais mieux m’endormir ce soir.
_Ne te
fiche pas de moi c’est sérieux ! Tu as traumatisé cette pauvre
femme !
Je me suis rongée l’ongle du pouce, peu réceptive à ses
reproches.
_Ramène-moi
à l’église avant de rentrer au bureau, j’aimerai aller récupérer ma voiture.
_Qu’est-ce
que tu as derrière la tête encore ?
_Rien,
juste récupérer ma voiture.
Il a bruyamment soupiré et a conduit sans ajouter un mot.
J’ai eu la chance que mon véhicule n’ait pas attiré la convoitise des habitants
du quartier. J’ai même retrouvé les enjoliveurs à leur place.
_Diane.
_Quoi ?
Flack s’est dessiné devant moi, les mains sur les
hanches, quelque peu gêné par la situation.
_Tu peux
me dire pourquoi tu es aussi agressive avec les gens d’église ? c’est quoi
ton problème ?
_Je
pensais que tu ne voulais pas savoir.
_Et bien
maintenant si. Tu as été particulièrement dure avec la mère supérieure, à la
limite de l’insolence. Alors si je veux continuer à bosser avec toi sur cette
histoire, j’ai doit en connaître la raison. Tu remarqueras que je ne te pose
jamais de question sur ta vie privée. Je te respecte et je sais que tu me
retournes ce sentiment. Mais là, j’ai du mal à te suivre.
Je me suis redressée alors que je venais d’ouvrir ma
portière.
_Tu es
ouverte pour tout sauf pour ça et…j’avoue que cela commence à me déranger.
Je l’ai regardé, multipliant toutes les pensées
contradictoires, puis j’ai eu un soupir en refermant doucement la porte.
_…l’Eglise
a pourchassé les gens de ma famille pendant des années…ça a détruit ma
grand-mère, forcé ma mère à déménager…j’ai beau faire ce qu’il faut pour
accepter, je suis désolée, je n’y arrive pas.
_Mais…
Il a secoué la tête, complètement perdu.
_Enfin
l’Eglise ne poursuit plus personne depuis des siècles ! Au contraire,
elle…
_Elle
quoi ? Elle protège ? ne me fais pas rire.
_Diane,
tu as sans doute de bonnes raisons mais…
_Tu crois
en ce que tu veux, je m’en fiche. Maintenant, si tu veux parler avec les sœurs
ou je ne sais quel curé, tu le feras tout seul. Cela nous évitera ce genre de
conversation !
Je suis assise devant mon volant et j’ai fermé la portière d’un geste sec. Il a balayé l’air d’une main énervée avant d’aller rejoindre sa voiture garée juste derrière la mienne. J’ai serré le manche de la boite de vitesse, le souffle rauque et j’ai démarré en trombe, portée par la colère. Il a eu du mal à me suivre jusqu’au prochain feu.
J’ai du prendre du temps pour me calmer. J’ai levé une main vers un vieux paquet de chewing-gum oublié à côté de mon siège. J’en ai attrapé un au vol et l’ai déballé de sa protection avant de jeter cette dernière dans un cendrier qui ne servait quasiment qu’à ça.
Je n’aimais pas me disputer avec Flack. C’était l’une des
rares personnes en qui je pouvais avoir entièrement confiance…en dehors de mes
origines bien sûr. Nous ne travaillions ensembles que depuis deux ans mais cela
avait rapidement collé. Je n’avais pas envie de changer de partenaire pour
cette simple divergence de point de vue.
_Ah vous
voilà. Vous vous êtes perdus en cours de route ?
J’ai eu la surprise de découvrir le capitaine assis sur un
coin de mon bureau, le rapport balistique dans les mains.
_Et vous,
vous avez perdu votre boussole ?
Il a eu un large sourire en se redressant, conscient que
le voir là assis sur mes affaires ne me mettait pas en joie. Flack est arrivé
par la suite et m’a vu en train de lire le rapport fait par les scientifiques.
_Un 6.35
qui a grièvement blessé un commerçant de la Vallée en janvier 2003. Deux
individus l’ont attaqué au moment de la fermeture et l’ont cloué dans un
fauteuil roulant pour le restant de ses jours. Plusieurs suspects ont été
arrêté, mais sans résultat.
_Donc
notre homme serait l’un des deux braqueurs ?
J’ai fait une mine explicite en tendant le rapport à mon
collègue.
_Pourquoi
ne s’est-il pas servi de cette arme pour neutraliser le père Michel ? au
lieu de l’étrangler ?…après tout, le curé avait une belle carrure, il a
sans doute du se débattre.
J’ai levé les yeux vers le capitaine qui continuait de
regarder par-dessus de mon épaule pour voir ce que je faisais.
_Il l’a
fait quand on regarde le capharnaüm qui régnait dans la sacristie. Les tiroirs
ont même été fouillé…
J’ai attrapé une photo prise de la scène de crime. Je
pouvais très bien imaginer Molensky assis sur cette chaise en train d’essayer
de repousser son assaillant malgré le manque d’air. Puis ses bras qui sont
brusquement retombés et l’autre qui a cessé de serrer de toutes ses forces…
« Et dire que pendant
tout ce temps, j’étais à l’autre bout du fil… »
_Diane, à
quoi tu penses ?
Flack a décidé de me parler comme si ne rien était, les
sourcils froncés.
_Le
capitaine a raison ais-je murmuré en reprenant mes esprits…pourquoi ne pas
avoir utilisé cette arme pour le tuer ?
_Et
bien…peut-être qu’il préfère avoir un contact rapproché avec ses victimes.
_Ou
peut-être qu’il ne la possédait pas encore avant d’entrer dans la pièce.
Je lui ai montré la photo qui lui désigna les tiroirs
ouverts.
_Le père
Michel ?
_Un
ancien braqueur…reconverti depuis seulement trois ans…qu’est-ce qu’il a
fait depuis sa sortie de prison selon
toi ?
_Il était
suivi par la mère Véronique. Tu crois qu’elle n’aurait rien remarqué ?
Je lui ai lancé un regard explicite en reposant la photo.
_La
Vallée se trouve à l’autre bout du pays, elle ne l’a pas suivi jusque là-bas à
ce que je sache.
_Mais
pourquoi garder une arme cinq ans après l’avoir utilisé ?
_Je ne
sais pas…un sentiment de nostalgie peut-être ?
Le capitaine m’a regardé de travers en essayant de suivre
mon raisonnement.
_Essayez
plutôt de voir si Pierre Mulosky était bien à la Vallée en janvier 2003 et
prenez contact avec les agents qui ont traité cette affaire. Suivez également
l’arme, on ne sait jamais, si notre homme s’en ressert dans les jours à venir.
_Je ne
pense pas qu’il fera une erreur aussi grossière…mais on ne sait jamais, ais-je
rajouté pour éviter de froisser les susceptibilités.
Flack a eu un petit sourire avant de voir qu’un de nos
collègue nous cherchait de vue, un paquet en main.
_Ah vous
êtes là ! Tenez, c’est pour vous, me dit-il de manière pressée, une copie
des enregistrements de la caméra de sécurité de l’église.
_La
caméra de sécurité ? il y en avait une ? où ça ?
_Derrière
une gargouille.
_Vous
rigolez ?
_Non
c’est le prêtre précédant votre victime qui a demandé ce dispositif. L’église
était sans cesse tagguée par des petits rigolos, alors une patrouille l’a
installé pour le rassurer. Ça a permis plusieurs arrestations par la suite.
J’ai attrapé le CD sur lequel était compilé les trois
derniers jours d’enregistrement, vivement intéressée.
_Ça, ça
peut nous faire avancer. Merci !
_Pas de
quoi.
J’ai quitté ma chaise, soudain excitée et j’ai traversé le
hall de la brigade pour me rendre dans une salle de visionnage.
_Ne
m’attends pas hein, j’adore ça.
Flack m’a rejoint et a fermé derrière lui, inquiet.
_Tu crois
que l’on pourra voir son visage ?
_Si
c’était le cas, je crois que les blouses blanches nous l’aurait déjà dit. Mais
je ne compte pas là-dessus, il faisait beaucoup trop sombre autour de l’église.
Un seul réverbère pour toute la rue…
_Alors
quoi ?
_Je veux
savoir combien de temps ce salaud est resté dans l’église avant notre arrivée.