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Dans la gueule du loup...
31 août 2008

Lune Bleue - 19 -

Me revoilà après deux jours de vacances bien méritées ! Programme : visite du château de Fontainebleau et de ses jardins, puis un détour à Chartres avant de revenir à la maison. Alors certes pour certains, c'est le programme de la mort, mais en tant qu'historienne, j'ai toujours aimé les châteaux et tout ce qui s'y rapporte. J'aime beaucoup moins la période de l'empire mais bon...
Super beau temps (même trop parfois...passez 30 min à un péage bouché sous 36 degrés, et on verra après si vous aimez toujours autant le soleil)
Et un petit accident à Chartres qui a failli me prendre un orteil : flaque de sang, ongle cassé, que du bonheur. Heureusement, c'est réparable, même si c'est moche.
En tout cas, cela m'a inspiré pour beaucoup d'autres choses, peut-être vais-je enfin me remettre à écrire, qui sait ?
En attendant, je vous laisse avec la suite de Lune Bleue, amusez-vous bien :)

Law_and_Order_SVU_Pinup_by_seangordonmurphy

Fontenay a tapé du poing sur la table et j’ai haussé un sourcil, un peu perdue dans ses réflexions. Ce gars réfléchissait avec l’allure d’un escargot.

_Pas logique ? comment ça ?

_Il ne m’aurait jamais vendu ! ce type, il était trop croyant pour ça. Un vrai cul de bénitier ! vous voyez, il est même devenu curé !

Amina m’a franchement regardé puis est revenue vers lui, sérieuse.

_Vous êtes du genre nerveux, n’est-ce pas ? à frapper avant de réfléchir…si vous aviez appris que Mulosky vous avait balancé malgré ses principes, qu’auriez-vous fait ?

Fontenay s’est rongé l’ongle du pouce avant de se pencher brusquement sur la table pour se rapprocher d’elle au maximum. Les gardiens de sécurité ont tressailli, mais je leur ai fait signe de ne pas bouger.


_Si j’étais libre, j’aurai été lui botter le train et il aurait compris sa douleur ! mais le coup des yeux, là désolé, c’est pas mon style. Faut être cinglé pour faire un truc pareil !

J’ai gardé ma mine renfrognée en récupérant les photographies et je suis passée à autre chose.

_Vous disiez qu’il était très croyant…

_Ouais. Toujours en train de prier. Il m’a dit une fois que sa mère voulait le faire moine mais que son père l’emmenait toujours avec lui en ballade avec ses potes pour boire des coups. Il a appris à piquer chez les vieilles à cause de lui, pour lui trouver du fric. Du coup c’est resté.

_Moyen subtile pour se trouver une excuse…il y a un endroit particulier où il aimait se retrouver pour prier ?

Fontenay a regardé Amina comme si j’avais dit une énorme connerie mais elle a acquiescé pour lui dire de me répondre malgré tout.

_Euh ouais…j’ai été le repêcher plusieurs fois à la Catherine.

_La Catherine ?

_La Santa Catherina, l’église principale de la ville, précisa rapidement Amina quand je me suis tournée vers elle.

_Vous pouvez m’y emmener ?

_…si vous y tenez.

_Très bien.

J’ai fermé ma sacoche et elle a reculé sa chaise pour pouvoir se lever.

_On va se revoir nous deux.

Fontenay n’a pas répondu mais nous a regardé quitter la salle avec les gardiens de sécurité. J’ai patiemment attendu de passer chaque porte et une fois dehors, j’ai vérifié mon portable. Mais ni Alain ni Flack avaient tenté de me joindre.


_Vous pouvez m’expliquer pourquoi vous tenez tant à savoir où votre victime est allée prier ?

J’ai levé la tête quand Amina m’a rejoint après avoir discuté quelques minutes avec le directeur, visiblement préoccupée.

_Mulosky était très croyant mais il attend d’avoir 45 ans passé pour se convertir définitivement ? après une vie d’escroc et de voleur ?

_En quoi est-ce si étonnant ?

Je l’ai regardé alors qu’elle contournait la voiture pour reprendre le volant.

_Appelez ça une intuition. Mon collègue s’y fait très bien.

Elle a fait une mine explicite avant de sourire jusqu’aux oreilles.

_Ce n’est pas une sinécure de travailler avec vous ! j’imagine qu’il du apprendre à faire des concessions.

J’ai eu un rire amusé en me glissant à l’intérieur. Elle n’avait pas tord.


Chapitre V


_La voilà…Notre Dame de la Miséricorde, connue aussi sous la Santa Catherina.

Les pigeons se sont envolés à notre arrivée et j’ai levé le nez pour voir jusqu’au sommet des flèches. Finement taillée, cette église anciennement cathédrale était très belle, en pierre brune, peu différente de toutes les autres existantes, mais charmante. J’ai passé la petite porte comme tous les visiteurs et j’ai découvert une très belle rosace dans les tons violets, entourée des statues des saints et des tableaux représentants sans doute les derniers instants du Christ.

Amina s’est signée et m’a accompagné sans faire de bruit. Elle s’est mise à m’observer de près, comme si elle voulait enregistrer la moindre de mes réactions. Mais je n’ai pas réellement réagi, car j’avais visité des centaines d’églises avant celle-là. Alors elle m’a guidé près de l’autel et m’a fait arrêter devant la grande statue qui trônait là : une Vierge aux sept douleurs particulièrement réaliste, les yeux levés vers le ciel alors qu’une épée lui transperçait le cœur, les mains ouvertes, presque tremblantes.

_Très impressionnant…

_Notre Mater Dolorosa. Elle est très appréciée par chez nous.

A en juger par les centaines de bougies consumées tout autour d’elle, je voulais bien le croire.

_Ah le père Joseph ! Excusez-moi.

_Hum ? ah oui bien sûr.

Amina s’est dirigée d’un pas rapide vers un homme habillé en civil, à peine différent des touristes et pénitents qui envahissaient la nerf. Résolument moderne, ce prêtre là ne portait qu’une simple croix sur sa chemise pour déclarer son identité à ceux qui baissaient assez les yeux pour la remarquer. Cela me changeait du père Michel, alias Pierre Mulosky, et de sa soutane en bonne et due forme.

J’ai fait quelques pas pour m’éloigner de la Vierge et de ses yeux implorants, gardant tout de même un regard sur ces deux personnages qui semblaient bien se connaître. Si j’étais parano, je pourrais croire qu’ils étaient en train de parler de moi.

Mais j’ai continué de déambuler en imaginant Mulosky entre ces murs. Quelqu’un de pieux comme lui ne pouvait être qu’inspiré par cette bâtisse. Etrange qu’il soit remonté par chez moi au lieu de rester ici.

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