Lune Bleue - 1 -
Il y a peu de temps, je me suis remise à écrire autre chose que des fanfictions. Après avoir cherché un sujet intéressant pendant des mois, je suis retombée sur mes premiers amours et j'ai commencé une histoire policière un peu particulière.
Je vous présente ici le début pour que vous puissiez vous en faire une idée. Je préviens, c'est assez particulier, vous pourriez être déroutés.
Bonne lecture.
Lune Bleue
Il y a des jours…des nuits où j’aimerai être ailleurs. Ne pas recevoir ce coup de téléphone, ne pas devoir me changer rapidement malgré les quatre heures du matin, ne pas monter dans cette voiture et ne pas mettre ce gyrophare pour prévenir les autres automobilistes que je ne pouvais pas me permettre d’être en retard.
Ce soir, comme tous les soirs
avant lui, marquait la découverte d’un cadavre et le début d’une enquête pour
définir pour qui et pour quoi j’avais du me lever si tôt en cette nuit glacée.
_Salut
miss. Désolé pour ta nuit de repos.
J’ai eu un soupir en fermant ma
portière d’un geste sec. Flack, mon partenaire depuis maintenant deux ans, se
contenta de me sourire de manière maladroite. Nous étions devant l’étendu d’un
chantier de destruction d’un ancien quartier abandonné depuis des années.
Royaume de toxico et prostituées en tout genre, de nombreuses patrouilles
passaient leur journée à rassurer les gars du bâtiment pour leur sécurité. Mais
cette fois-ci, l’une d’entre elle avait fait une découverte macabre
particulièrement violente, selon les mots de mon collègue.
_T’ention,
y a de la boue un peu partout.
J’ai sautillé au-dessus des
flaques tandis qu’il me guidait entre les ruines d’un ancien bâtiment de béton
dont il ne restait plutôt plus que les colonnes de soutien.
_Elle
a été découvert par un de nos gars. Un coup de fil anonyme.
_Comme
c’est pratique.
_Attends
de la voir. Crois-moi, c’est du costaud.
Je suis passée sous une bâche de
protection et j’ai commencé à deviner la silhouette d’un pendu. Un pendu par
les poignets visiblement.
_Voilà.
Flack garda le bras tendu pour
que je puisse passer sous cette autre bâche et je me suis arrêtée net devant le
spectacle qui s’offrait à moi. Je me suis refermée, piqué à vif.
_On
a une identité ?
_Pas
encore. Comme tu peux le voir, elle ne porte aucun vêtement et aucun sac n’a
été retrouvé dans les environs.
_Ils
continuent à fouiller ?
_Bien
sûr, mais le chantier est immense, cela prendra du temps.
J’ai lentement contourné le corps
de cette jeune fille qui gisait là, les bras tendus au-dessus de la tête, tenus
par cette corde qui serrait les poignets comme elle pourrait serrer les pattes
d’un agneau. Ses orteils frôlaient le sol poussiéreux mais cela faisait
longtemps qu’elle ne bougeait plus.
_Elle
a été torturé, siffla Flack comme si je ne pouvais pas le deviner par moi-même,
je n’ose pas imaginer ce qu’elle a pu ressentir.
Je le savais. Mais j’ai
évidemment rien dit, concentrée sur ce visage assoupi qu’elle nous présentait
là, le menton sur la gorge. Il y avait de tout sur son corps : des traces
de brûlure, de coup, de plaie, de déchirure, de pénétration…ses cheveux avaient
également été coupés très courts, presque à la militaire.
_Et
bien et bien !
Alain Shilovich, notre légiste
attitré, est passé sous la bâche et s’est arrêté quelques secondes avant de
reprendre sa marche quelque peu freinée par la mallette qu’il emportait
toujours avec lui.
_En
voilà une chose malheureuse…
Il m’a jeté un coup d’œil rapide
mais je n’ai pas bougé quand il s’est arrêté devant la jeune fille.
_Etant
donné le nombre de sévices qu’elle a subi, vous allez devoir attendre
l’autopsie pour connaître la cause de la mort. Mais je peux déjà vous dire
qu’elle est là depuis moins de quatre heures.
_Qu’est-ce
qui te fait dire ça ?
_Il
fait très froid et cette jeune fille est à peine touchée par la rigidité
cadavérique. Votre homme a du s’en débarrasser dès qu’elle a cessé de vivre.
Qui l’a découverte ?
_Un
de nos hommes.
_J’imagine…déclara-t-il
en me regardant du coin de l’œil, que ce n’est pas lui qui a mis cette croix en
bois autour de son cou ?
_Bien
sûr que non. Il jure n’avoir touché à rien avant de nous appeler.
Alain a eu un soupir et a fait
signe à son collègue de venir l’aider en apportant un escabeau. Ils allaient
devoir couper cette corde s’ils voulaient faire descendre la victime de
là-haut.
_Je
vous tiens au courant pour la suite. Mais faites attention. Celui qui a fait ça
a visiblement un message à faire passer. Et il n’utilise pas la meilleure
manière pour le délivrer.
Flack a acquiescé de manière entendue en prenant des notes sur son calepin. Pour ma part, j’ai regardé les experts attraper le corps de la victime avec délicatesse après que la corde fut enfin coupée, pour ensuite l’allonger sur cette bâche noire qui l’attendait telle une dernière demeure. J’ai vu son visage meurtri par le coup que lui avait ouvert la lèvre inférieure et j’ai préféré faire demi-tour avant de voir la fermeture éclaire se refermer sur elle, les nerfs à fleur de peau.
_Diane ?
_Je
vais prendre l’air.
J’ai quitté le chantier d’un pas
sec et j’ai pris une grande bouffée une fois à l’extérieur, les mains sur les
hanches. Flack m’a rejoint après quelques minutes et a refermé son calepin d’un
geste sec.
_Sale
affaire en perspective. Par quoi on commence ?
_L’identité
de la fille. Et on vérifie si c’est le seul cas dans le pays. Peut-être que des
collègues sont déjà sur un cas semblable.
_C’est
un pro selon toi ?
Je me suis pincée les lèvres. Je
n’en étais pas encore sûre et certaine mais…
_Je
n’en sais rien. Tout est trop propre pour être un hasard. Cela ne ressemble pas
à un meurtre passionnel. Ni même un accident.
_Ça,
c’est certain, souffla-t-il comme si je le prenais pour un idiot, on a un sadique
dans les rues qui prend les filles pour un puching ball et c’est le capitaine
qui ne va pas être content.
_Si
tu savais ce que je m’en fiche, des états d’âme du capitaine…
J’ai rejoint ma voiture et il a
contourné son propre véhicule pour me suivre dans les rues du centre ville.
J’ai roulé sans gyrophare, pensive. J’ai juste jeté un coup d’œil dans le
rétroviseur pour voir le visage refermé que mon collègue. Cela ne faisait pas
longtemps, ni lui ni moi, que nous étions dans la police. Du moins pas assez
pour digérer ce genre de scène sans nous sentir mal.
Je venais de fêter mes 27 ans,
dont déjà huit ans dans la police, mais seulement deux à la criminelle. Chaque
jour avait son lot de surprise mais aussi son lot d’horreur comme ce soir. Je
me sentais proche de cette fille. J’espérais me tromper, mais cette croix en
bois simple autour de son cou était comme une signature…Alain avait pensé la
même chose en arrivant. Son regard avait été explicite.
« Tiens ? »
J’ai levé le nez au-dessus de mon
volant pour voir la lune se découvrir un nuage trop consistant.
« La
pleine lune ? »
J’ai fait une moue explicite mais j’ai continué ma route
en direction du commissariat qui était quasiment désert à cette heure de la
matinée. J’ai bloqué l’ascenseur pour Flack qui m’a rejoint au pas de course et
nous avons gagné le troisième étage afin de rejoindre nos bureaux respectifs.
_Je
vérifie pour le coup de la fille nue pendue par les mains, me dit-il en
retirant sa veste, tu vois pour les portées disparues ?
_Je
vais prendre un café avant ça. Tu en veux un ?
_Alors
avec beaucoup de sucre, merci.
Je me suis libérée de mon blouson
avant de prendre de la monnaie et gagner le distributeur à l’autre bout du hall
où tous les officiers et collègues tenaient leur bureau. J’ai choisi un café
bien noir et j’ai patiemment attendu que le liquide chaud se déverse dans la
tasse en plastique. J’ai profité de ce laps de temps pour vérifier sur
l’éphéméride d’un collègue.
« Non
cette pleine lune n’est pas notée… alors ce serait une lune bleue ? »
Je me suis pincée les lèvres en
tournant la page puis je me suis souvenue de mon café qui refroidissait déjà.
J’ai préparé celui de Flack puis je lui ai apporté tandis qu’il cherchait
toujours les autres victimes possible à l’aide de son ordinateur.
J’ai avalé une gorgée de ma tasse
et j’ai commencé mes propres recherches concernant la victime. Si je ne me
trompais pas, elle devait avoir disparu depuis au moins trois jours.
_Pas
de cas semblable depuis les 6 derniers mois, déclara Flack en me regardant par
delà son écran, tu veux que je pousse plus loin ?
_…ça
prendrait combien de temps selon toi ?
_Plusieurs
heures.
_Alors
autant commencer maintenant. Remonte à cinq ans, nous verrons bien ce qui en
sortira.
_Comme
tu veux.
Je me suis concentrée sur les
filles disparues en sirotant mon café trop fort et au bout de deux heures, le
bon visage en est enfin sorti.
_Je
l’ai !
_Vraiment ?
Flack est venu derrière ma chaise
alors que plusieurs de nos collègues arrivaient enfin et nous avons découvert
l’identité de notre jeune victime aux cheveux roux flamboyants.
_Anna
Malova, 22 ans, étudiante. C’est sa colocataire qui a déclaré sa disparition il
y a trois jours.
_Etudiante
hein ? tu crois que l’université est ouverte à cette heure ?
J’ai regardé ma montre mais il
était encore trop tôt.
_Essayons
de voir si Alain est prêt de son côté. Ne serait-ce que pour les examens
préliminaires.
_Hum…encore
une joyeuse journée en perspective."
Comme je l'ai dit, ce n'est qu'une entrée en matière, mais j'espère que cela vous a au moins donné l'envie de connaitre la suite ^^'